Céline - Peter Heller

Publié le par Papillon

"Les peupliers et les aulnes offraient un camaïeu d'orange, vif, couleur citrouille ou butternut. Le ciel se dégageait, du bleu apparaissait, les rayons du soleil balayaient les arbres de l'autre rive comme un courant d'air, et le vent était chargé de l'odeur suave des feuilles mortes. Céline se dit qu'il y avait des moments où le vie  était pure merveille. Que pouvait-il y avoir de plus que cela ?"
 

 

J'avais gardé un merveilleux souvenir de ma dernière lecture de Peter Heller, de sa plume et de son univers. Et j'avais hâte de le retrouver dans une autre balade américaine.
 
Céline Watkins (qui doit son prénom à une naissance en France) est artiste, elle réalise des sculptures à partir d'éléments naturels, très inspirées par la mort. Mais elle est aussi enquêtrice, spécialisée dans la recherche de personnes disparues. A soixante-huit ans et atteinte d'emphysème, elle n’enquête plus guère, et préfère le travail dans son atelier de Brooklyn.  C'est de là qu'elle a assisté en direct à la destruction du World Trade Center un an et un jour tôt, conclusion sinistre d'une année difficile. Elle ne sait plus si elle est vraiment capable de courir à nouveau les routes. Pourtant, elle va être sensible à la demande de Gabriela Lamont qui souhaite retrouver son père, Paul Lamont, photographe de presse, disparu vingt trois ans plus tôt dans le parc de Yellowstone au cours d'un reportage nature. L'enquête avait conclu à une attaque d'ours mais le corps n'avait jamais été retrouvé. Devenue mère, Gabriela voudrait rouvrir l’enquête, car elle pense que son père est peut-être toujours vivant quelque part. Céline va accepter la mission, touchée par cette jeune femme en laquelle elle reconnait celle qu'elle fut des années plus tôt. Voilà l'enquêtrice lancée sur les routes de l'Ouest, en compagnie de son très taiseux mari, et de son flingue préféré.
 
"Si la quantité de bonheur contenue dans une vie s'épuise, peut-être est-il possible de continuer à y trouver de la beauté, de la grâce et un amour infini."
 
Cette lecture fut à la fois plaisante et décevante. Plaisante, parce que ça se lit très bien, décevante parce que je n'y ai absolument pas retrouvé tout ce que j'avais aimé dans ma lecture précédente, ni la plume, ni l'intensité, ni le suspense. On comprend en lisant la dédicace du roman que le personnage de Céline n'est pas totalement fictif, qu'il est inspiré par la mère de l'auteur. Le roman est prétexte à lui rendre hommage, en tissant un portrait en forme de biographie. Et c'est ce mélange des genres qui m'a gênée. D'un côté, une enquête qui se serait suffi à elle-même et nous entraîne aux confins du Wyoming et du Montana, et dans les coulisses de la politique extérieure pas toujours glorieuse des États-Unis ; de l'autre, la vie bien remplie de cette femme étonnante, héritière d'une famille cossue de la côte Est, dont la vie fut pleine de ruptures et de pertes. On s'attache forcément à cette femme que rien ne semble effrayer, mais le récit de sa vie ne m'a pas vraiment passionnée, même s'il permet d'éclairer sa vocation d'enquêtrice. Ce versant du roman empiète beaucoup trop sur le versant policier pourtant aussi bien ficelé qu'intrigant, avec ce couple d'enquêteurs très peu conventionnels, lancés dans un road trip mélancolique.
 
Un roman qui me laisse un goût de trop-peu.
 
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Céline Leroy.
Actes Sud, 2019. - 336 p.

 

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U
Dommage pour la déception car l'histoire donne vraiment envie de le découvrir.
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P
Oui, mais le résultat n'est pas à la hauteur, selon moi.
K
Je choisirai donc son précédent si je veux connaître cet auteur !
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P
Je le conseille vivement !
I
J'ai lu des avis positifs sur ce titre, mais encore plus sur La constellation du chien, qui a du coup rejoint ma PAL, étant sortie en poche. Et je note aussi Vivre, pêcher et laisser mourir, alors...
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P
Je n'ai pas lu La constellation du chien (dont on dit que c'est son meilleur), mais j'ai vraiment beaucoup aimé Vivre, pêcher et laisser mourir.
N
Il faudrait que je lise Peter Heller un jour...
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P
Je te conseille vraiment son précédent, qui est un bijou.
K
Comme Aifelle, je découvrirais bien l'auteur... et celui-ci continue à me tenter, malgré ta déception.
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P
Ma déception vient sans doute que j'avais beaucoup d'attente...
A
En lisant ton billet, je conclus qu'il faut mieux lire le précédent. C'est un auteur que j'ai envie de découvrir.
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P
Le précédent, Vivre, pêcher et laisser mourir, fut un gros coup de cœur pour moi.