The slap - Christos Tsiolkas
Par une belle journée d'été, Hector et Aisha reçoivent famille, collègues et amis autour de l'un de ces barbecues chers aux Australiens, une réunion à l'image du pays : décontractée, multiculturelle et multiethnique. Mais un incident désagréable se produit : un enfant de trois ans, très indisciplinée, à l'origine d'un incident violent, est giflé par un adulte. Cet incident va prendre des proportions complètement démesurées : les parents portent plainte et assignent le coupable en justice. Famille et amis se divisent en deux camps : ceux qui soutiennent celui qui est devenu "l'agresseur" et ceux qui défendent "la victime".
Deux choses m'ont dérangée dans ce roman. D'abord, la vulgarité du texte. Pas besoin de statistiques élaborées pour vous dire que le mot le plus employé est "fuck", conjugué à tous les temps. D'autre part, j'ai eu du mal à adhérer au postulat de départ : qu'un incident aussi banal qu'une gifle puisse avoir de telles conséquences. J'ai d'ailleurs été très amusée de constater qu'Anouk, la working girl sans enfant avait exactement la même opinion que moi sur la question...
Il y a quand même des élèments intéressants dans ce bouquin, ne serait-ce que la construction, puisque l'auteur fait raconter l'histoire successivement par plusieurs des participants à ce funeste barbecue : mères et pères de famille, adolescents et vieillard. Et on découvre que chacun réagit à l'incident en fonction de son propre vécu. Certes, l'auteur ne nous épargne aucune des poncifs sur les crises qui jalonnent nos vies : crise d'adolescence, crise de la maternité, crise du couple, crise de la quarantaine, crise de la vieillesse. Mais il nous dévoile aussi, et très crûment, la crise de la société australienne, société surprotégée qui s'étourdit dans l'alcool, la drogue ou devant la télé, une société dont le melting pot se révèle contenir un bouillon amer de racisme, de sexisme et de frustrations diverses. Car le noeud de l'affaire, au fond, n'est rien d'autre que la rancoeur du pauvre raté envers le nouveau riche arrogant.
Tuskar Rock Press, 2010. 483 p.