Les délaissés - Richard Van Camp
C’est la rentrée à Fort Simmer dans les Territoires du Nord-Ouest (Canada) et Larry entre en première. La rentrée, c’est une légère angoisse pour lui : « Je dois assurer mes arrières. Je suis indien. » Larry appartient à la nation des Dogribs et doit affronter régulièrement les sarcasmes de ses condisciples, quand ce n’est pas leurs coups. Mais cette année, il remarque un nouveau venu, Johnny, un métis rebelle, insolent et intrépide. Il va très vite devenir son ami, sans pourtant autant perdre de vue la jolie Juliet, la plus belle fille du lycée, dont il est secrètement amoureux, mais qui va lui préférer Johnny. Le trio devient inséparable. Avec Johnny, Larry découvre la drogue, le sexe et la bagarre ; avec Juliet, la douleur de l’amour.
C’est un monde très dur que décrit Richard Van Camp, à travers ces ados bercés de heavy metal et plus ou moins laissés à eux-mêmes. Des pères absents, des mères défaillantes ou débordées, de la violence, de l’alcool. Dans une langue qui mélange verdeur, réalisme et poésie, l’auteur nous montre des jeunes gens se battant seuls avec les difficultés de la vie :
« Et on pleurait, sachant qu’on était tout seuls. Sans personne pour se rappeler notre nom, personne pour le crier, personne pour nous accueillir nu dans la neige, pour nous pleurer dans la mort, pour nous prendre en compassion, là, dans notre lieu sacré. On pleurait parce qu’on était à personne. »
Et pourtant Larry est un garçon plein de ressources, il est habité par une certaine poésie, par les histoires héritées de sa famille, par les traditions héritées de son peuple, qui sont ses plus solides repères dans la vie. Et grâce à Johnny et à Juliet, il va se réconcilier avec son passé et avec lui-même pour enfin envisager un futur.
Un roman brûlant.
Traduit de l’anglais (Canada) par Nathalie Mège.
Gaïa, 2003. – 180 p.