Le monde à l'endroit - Ron Rash
Rentrée littéraire 2012
Le hobby préféré de Travis Shelton, adolescent rebelle en rupture de lycée, est la pêche à la ligne, qui lui permet de joindre l'utile à l'agréable, puisqu'il vend ses prises pour payer l'assurance de son pick-up. Le jour où il découvre par hasard un champs de cannabis, il ne résiste pas à la tentation : il en coupe quelques pieds qu'il s'empresse d'aller revendre à Leonard Shuler, un dealer notoire. Mais le propriétaire du champs en question va cruellement se venger. Pour couronner le tout, Travis se fâche avec son père, cultivateur de tabac dur et autoritaire. Il s'installe chez son nouvel ami Leonard, ancien prof, lui aussi en rupture de lycée et de famille, qui offre une figure paternelle plus acceptable.
En poussant Travis à reprendre ses études, Leonard reprend goût à l'enseignement. Et il révèle à Travis le secret d'une vieille histoire survenue pendant la Guerre de Sécession, dans cette rude région des Appalaches, à la frontière des états du Nord et du Sud, où en 1863 d'anciens voisins ayant choisi deux camps différents se retrouvèrent ennemis du jour au lendemain.
On retrouve dans ce roman les thèmes chers à Ron Rash : l'exaltation de la nature sauvage, la disparition d'une certaine vie rurale (les paysans cultivent du cannabis parce que le tabac ne rapporte plus rien), la lutte du bien et du mal. Et pendant la première partie du roman, j'ai bien cru que Ron Rash allait nous concocter un happy end à l'américaine. C'était compter sans son goût pour la justice immanente. Chez Ron Rash un crime ne reste jamais impuni et , ici, l'histoire va prendre sa revanche, cent cinquante ans après.
Très beau roman sur la transmission, l'éducation comme seule porte vers la liberté, le passage à l'âge adulte, avec en toile de fonds de beaux paysages américains.
Traduit de l'américain par Isabelle Reinharez.
Seuil, 2012. - 281 p.