Le calme retrouvé - Tim Parks
Romancier britannique, Tim Parks vit en Italie où il consacre sa vie à l'écriture, la traduction et l'enseignement. Vers la cinquantaine, il commence à souffrir de violentes douleurs dans le bas-ventre. Prostatite, prognostiquent les médecins. Commence alors le chemin de croix des analyses et examens plus ou moins humiliants, des hypothèses et diagnostics plus ou moins angoissants. Jusqu'à cette déclaration : "Si le Signor Tim n'avait pas de symptômes, je dirais à la lecture de ces radios, qu'il est en parfaite santé." Le problème est donc psychosomatique. C'est généralement ce qu'annonce la médecine quand votre cas dépasse ses compétences.
Voilà donc Tim Parks, qui a consacré sa vie au monde de l'esprit et à l'univers des mots, obligé de s'intéresser un peu à son corps, en le considérant autrement qu'un simple outil à maintenir en bon état de fonctionnement.
"Il est vrai que mon corps et moi n'étions pas les meilleurs amis du monde, ces temps-ci ; nous communiquions à peine, sinon par le biais de la souffrance."
Ce chemin, long et difficile va le mener à la guérison par la voie de la relaxation et de la méditation.
La première qualité de ce livre, c'est son humour, car l'auteur ne se départit jamais de son sens de l'autodérision, ni de son esprit critique, que ce soit pour évoquer ses souffrances ou ses pratiques méditatives, et les questions qu'elles suscitent. Mais ce qui m'a le plus plu dans ce récit, c'est la précision analytique avec laquelle Tim Parks étudie son propre cas, en tentant de le relier à son histoire personnelle et familiale autant qu'à ses références littéraire et historiques, de Thomas Hardy à Mussolini, en passant par Coleridge, Beckett ou Melville.
Alors, oui, il va retrouver la santé et la paix de l'esprit, par une voie qu'il était loin d'imaginer, mais il va aussi mener toute une réflexion sur le poids de la littérature et des mots dans sa vie, jusqu'à envisager de cesser d'écrire.
"Le fait est que, plus que toute autre chose, les mots semblent me détourner du moment présent. Je ne suis jamais vraiment là. Toujours à faire du boniment. J'ai le sentiment que beaucoup de ce qui ne va pas dans ma vie vient des mots."
Un récit d'une grande humilité et d'une belle lucidité, qui se lit comme un roman à suspense et nous révèle, de l'intérieur, ce qu'est la pratique de la méditation.
"Je n'avais pas conscience qu'il pouvait exister un travail mental difficile qui ne nécessite pas de mots, un travail pour lequel, au contraire, les mots pourraient se révéler un obstacle. Et cette histoire de relaxation - mais le terme paraissait plutôt inadapté à présent - était clairement un travail, en quelque sorte. Je devais peiner dessus. J'allais par gros temps. Sous ce ciel intérieur bas. Cela demandait des efforts, du savoir-faire, de la détermination."
Traduit de l'anglais par Isabelle Reinharez.
Actes Sud, 2012. - 324 p.