Hiver arctique - Arnaldur Indridason
Un petit garçon est retrouvé mort au pied de son immeuble ; il a été poignardé alors qu’il rentrait de l’école. Comme il est d’origine thaïlandaise, l’enquête s’oriente très vite vers un crime raciste. Le commissaire Erlendur se lance dans une minutieuse investigation sur l’entourage de la victime : parents, voisins, camarades d’école, professeurs.
Comme toujours chez Indridason, le crime et sa résolution ne sont que des prétextes à l’étude de la société islandaise. Il s’intéresse ici à tous les problèmes liés à l’immigration. Il montre très bien comment les islandais, qui ont longtemps vécu quasiment en autarcie dans un pays minuscule et isolé, s’ouvrent à leur tour au monde extérieur, ce qui soulève chez certains d’entre eux la question de leur identité nationale.
L’intrigue est très bien construite, avec plusieurs fils narratifs qui se croisent, une fausse piste et un dénouement inattendu. Erlendur est toujours la proie de ses démons, habité par la disparition de son frère, harcelé par ses enfants qui essaient vainement de le comprendre. Il doit en plus faire face à la mort imminente de Marion, son ancienne patronne, à la fois mentor et conscience, qui le renvoie à sa propre solitude. Un commissaire de plus en plus humain et toujours humaniste, dont on espère qu’il va bientôt perdre ses défenses sans renoncer à son opiniatreté.
« Le vie était un enchevêtrement de hasards dénués de toutes règles, des hasards qui gouvernaient l’existence des gens, comme ces tempêtes qui s’abattaient sans prévenir, faisant morts et blessés. »
Traduit de l’islandais par Eric Boury.
Métailié, 2009. – 335 p.