Esprit d'hiver - Laura Kasischke
"Quelque chose les avait suivis depuis la Russie jusque chez eux."
En ce matin de Noël, Holly se réveille tard, et bizarrement angoissée par un rêve qui l'a ramenée des années en arrière, lors d'un autre Noël, où elle était allée avec son mari chercher un bébé à adopter, au fond de la Sibérie. Treize ans plus tard, le bébé est devenu une ravissante adolescente très américaine. Mais ce jour de Noël, rien ne se passe comme prévu. Alors que le mari de Holly se précipite à l'aéroport pour aller chercher ses parents âgés et que la neige se met à tomber en rafale, Holly essaie de se motiver pour préparer un repas de fête qui apparaît de plus en plus comme une corvée. Elle ne reconnaît plus sa fille bizarrement grognon, agressive, susceptible, versatile...
Ce roman est pour moi une grosse déception, d'autant que je suis fan de Laura Kasischke depuis longtemps. J'aime son talent pour décortiquer la famille américaine ordinaire et pour glisser un grain de sable dans une histoire banale qui tourne au cauchemar. Mais ici, rien n'est banal et la mayonnaise ne prend pas, n'a pas pris pour moi, en tout cas.
Nous découvrons peu à peu pourquoi Holly ne pouvait pas avoir d'enfant, comment elle a renoncé à une carrière de poète pour en adopter un, et dans quelles conditions sordides cette adoption a eu lieu. L'auteur essaie d'installer progressivement une atmosphère fantastique, à travers la relation bancale entre la mère et sa fille. Des évènements étranges se produisent, que l'on ne comprend pas et qui resteront inexpliqués. Le comportement de la fille est aussi déroutant que celui de la mère, dans cette maison que la tempête de neige isole d'autant plus que les invités se décommandent les uns après les autres. Et finalement, le dénouement tombe à la dernière page, laissant le lecteur abasourdi.
Cette histoire étrange qui décortique la difficulté et les désillusions de la maternité, et la culpabilité qui s'en suit pour la mère, m'a semblée totalement artificielle et mal ficelée, et m'a rappelé une autre roman que je n'avais pas du tout aimé.
Traduit de l'américain par Aurélie Tronchet.
Christian Bourgois, 2013. 276 p.