Les invités de l'île - Vonne van der Meer
C’est une maison dans les dunes, sur la petite île néerlandaise de Vlieland. Du printemps à l’automne, elle est louée pour quelques jours ou quelques semaines à des vacanciers. En début de saison, une voisine est chargée d’y faire le ménage en grand et de tout préparer pour les locataires qu’elle ne verra que de loin. Son dernier geste, quand la maison est prête, est de laisser en évidence dans le salon le Livre d’or où elle espère que chaque visiteur laissera une trace de son séjour.
Le lecteur fait connaissance successivement avec tous les locataires de la maison et entre dans leurs histoires. Au début, j’ai eu un peu de mal, car le premier couple ne m’a guère touchée : un homme et une femme qui tentent de réparer leur amour après une infidélité du mari. Mais c’est normal : c’est le début de la saison, la maison est encore froide et inhospitalière. Au fur à mesure que les semaines passent et les locataires défilent, la maison nous devient de plus en plus familière, chaque famille y laisse sa trace : un coquillage sur la table basse, un morceau de bois sur la cheminée ou un bocal de cornichons dans le frigo. La maison sous nous yeux devient un vrai personnage de roman. Nous quittons à regret chaque famille qui s’en va et découvrons pourtant le nouveau locataire avec beaucoup de plaisir.
Tous ces petits morceaux de vie parlent de la vie : l’amour, le couple, la naissance, la maladie, le deuil, la mort. Ce pourrait être banal, mais c’est très doux, très émouvant, parce que c’est écrit avec beaucoup d’intelligence et de sensibilité. J’ai beaucoup aimé ces éclats de vie. J’ai notamment été très touchée par l’histoire de cette homme veuf et vieillissant qui a loué la maison dans l’unique but de mettre fin à ses jours tout en faisant croire à ses enfants que sa mort est accidentelle. Pendant qu’il met en scène ce qu’il croit être les derniers jours de sa vie, il reprend goût à la vie… Parce que la vie, c’est ça : des moments, des images, des rencontres, des parcelles de bonheur qu’il faut attraper quand elles passent à notre portée…
Clarabel et Bellesahi ont aimé, Patch un peu moins, Moustafette pas du tout.
Traduit du néerlandais par Daniel Cunin.
10/18 / Editions Héloïse d’Ormesson, 2005. – 220 p.