Ma vie d'imposteur - Peter Carey
Peter Carey est l’un des rares auteurs australiens que je connaisse, ce qui ne l’a pas empêché d’obtenir deux fois le Booker Prize, notamment pour Oscar et Lucinda que j’avais beaucoup aimé. On y rencontrait déjà des personnages baroques, embarqués dans une aventure surréaliste, sur fond de brousse australienne. On retrouve les mêmes ingrédients ici, histoire d’une mystification comme l’histoire littéraire les adore, avec la jungle malaise pour décor.
Au cours d’un voyage en Malaisie, Sarah Wode-Douglass, éditrice d’une revue de poésie, rencontre par hasard, au détour d’une ruelle sordide et au fonds d‘une boutique minable, un vieux poète australien, usé et à demi clochardisé. Christopher Chubb entreprend de raconter à Sarah la folle aventure de sa vie. Bien des années plus tôt, s’étant vu refusé ses poèmes par son éditeur et néanmoins ami, il avait entrepris de se venger en inventant de toutes pièces un poète : fausse biographie, fausse photo, fausse correspondance pour vrais poèmes. L’éditeur était tombé dans le panneau, publiant les poèmes, avant de se suicider une fois la supercherie dévoilée. C’est alors que le poète inventé prend corps et se met à mener une vie infernale à son créateur. Dans l’espoir de mettre la main sur un manuscrit inédit, Sarah essaie de démêler le vrai du faux dans cette histoire hallucinante qui nous mène de Sydney à Kuala Lumpur, en passant par Bali.
Peter Carey a un vrai talent pour créer une atmosphère : pendant toute ma lecture j’ai vraiment senti la chaleur étouffante des tropiques, entendu le bourdonnement des mouches et rêvé d’un grand verre d’eau glacée. Sans parler du suspense. Chubb est-il fou ? Bob McCorkle existe-t-il vraiment ? Et si oui, d’où sort-il ? Avant de le savoir il nous faudra affronter des poisons mortels, des fuites précipitées, des courses poursuites dans la jungle, des maladies bizarres et des regards meurtriers. Nous sommes bien loin ici des salons littéraires où l’on discute de poésie en buvant du thé. Je ne suis pas sûre que Sarah s’en remette jamais… Quant à moi, j’en suis sortie épuisée avec la ferme intention de ne jamais mettre un pied en Malaisie !
Traduit de l’anglais (Australie) par Elisabeth Peellaert.
Plon, 2005. – 256 p.