La couleur du lait - Nell Leyshon

Publié le par Papillon

"je m'inquiète pas. quand je peux rien faire pour changer les choses, je n'y pense pas. si je peux les arranger alors je le fais et je n'y pense plus."
 
 
Angleterre rurale, 1830. Mary a grandi dans une ferme où la vie est rude. On est moins dans la verdoyante campagne idéalisée de Thomas Hardy que dans la campagne boueuse et paupérisante de Zola. La mère ne sourit jamais, le père est dur, d'autant plus dur qu'il n'a pour l'aider dans son labeur aucun fils, seulement quatre filles qui triment comme des esclaves, à coup de taloches. Chacune trouve sa joie où elle peut : l'une prie, l'autre flirte, la troisième baye aux corneilles. Mary, elle, est une rêveuse qui adore bavarder avec son grand-père.
 

Comme elle a une "patte folle", elle est moins efficace que ses soeurs, c'est donc elle que l'on place comme domestique chez le pasteur du village. Elle y découvre un autre monde, un monde bien plus raffiné que le sien. Dans cette maison où l'on met des rideaux aux fenêtres et des draps aux lits, elle apprend ce qu'est une pendule, un piano ou un coussin. Malgré sa langue bien pendue et sa tendance à dire ce qui lui passe par la tête, elle va gagner la bienveillance de cette famille, qui détient à la fois la connaissance et le pouvoir. Pour son malheur, Mary va faire l'expérience des deux.

"je dis simplement la vérité.

peut-être.
seulement les gens ils ne veulent pas l'entendre.
pas toujours."

J'ai refermé ce roman avec ce grand sentiment de solitude dont Kathel parlait il y a peu. Car tout le monde semble avoir aimé ce livre que j'ai trouvé quant à moi bien plat. Il y a d'abord ce maniérisme d'écrire sans majuscule et en phrases très brèves sous prétexte que c'est une jeune paysanne qui tient la plume. Certains ont voulu voir de la poésie là où je n'ai lu que platitude et accumulation de poncifs. Je crains que mon âme de poète ne soit aux abonnés absents (probablement en fuite sous des cieux plus cléments). Sans compter que je me suis assez vite lassée de lire des phrases du style "j'ai rentré" et "il a sorti".
 

Oui, cette histoire est dramatique. Oui, on y voit une jeune fille qui n'avait que sa simplicité et sa franchise se faire dévorer. Oui, ce roman montre comment s'exerce le pouvoir des puissants sur les faibles, des hommes sur les femmes, et des savants sur les ignorants. Mais tout cela ne suffit pas à faire un bon roman, peut-être parce que je l'ai trop lue, cette histoire-là, et racontée par des auteurs bien plus talentueux. Et je n'aime pas ce que je lis dans ce roman : si tu es une femme, pauvre et ignorante, et que tu tentes de sortir de ta condition, prends garde à toi : tu finiras broyée par le système.

 

Les billets de Dominique et Clarabel.

 

Lu dans le cadre du Mois anglais de Lou et Cryssilda.

 

Traduit de l'anglais par Carine Lalechère.
10/18,  2015. - 192 p.
  

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S
Un livre sans aucun intérêt et d''une grande platitude. Je viens d'en terminer la lecture. J'attends toujours que l'histoire débute. Je pensais qu'il y avait un tome 2...
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P
Un tome m'a suffi, en ce qui me concerne ! C'est en effet assez plat.
F
En réfléchissant, j'avais été davantage surprise que séduite par ce roman. <br /> Et si je peux me permettre, je suis admirative quant à la rédaction de tes billets ! Les tournures de phrases, la justesse des idées, la finesse de ta propre analyse... Quel régal de lire ta chronique!
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P
Merci, c'est le plus beau compliment que l'on puisse me faire !
Z
Je fais partie des lecteurs qui ont apprécié ce livre.
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P
Oui, je sais que beaucoup l'ont apprécié, preuve que ceux qui ne plait pas à certains peut quand même en séduire d'autres, et c'est tant mieux !
L
En total accord avec ton regard sur le style. En l'entamant, je me suis demandée si c'était une blague et j'ai bien failli en rester au 10 premières pages...
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P
Oui, c'est un drôle de parti pris, cette écriture, mais certains lecteurs ont aimé...
C
tu n'es pas toute seule, je crois bien avoir lu un ou deux avis comme le tien! Ce parti pris d'écriture me semble bien rébarbatif...je passe!
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P
Ce n'est pas tant que c'est rébarbatif, c'est que c'est plat !
L
Je fais partie de celle qui ont aimé mais heureusement on n'a pas tous les mêmes goûts .<br /> C'était difficile de sortir de son milieu, fille ou pas, dans Jude l'obscur ( même période ) le héros est ramené à la dure réalité malgré ses envies de changement...
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P
Je suis d'accord, mais Jude l'obscur est un roman de l'époque qui témoigne de son époque. Je ne comprends pas l'intérêt pour un auteur contemporain de revenir sur cette époque si c'est pour passer un message si négatif...
K
Non tu n'es pas seule! Je l'ai démarré ou feuilleté, je ne sais plus, attirée par les billets enthousiastes, mais n'ai pas eu envie de tenir le coup sur l'écriture à longueur de roman. Il est bien connu que mon âme de poète n'existe guère;.. ^_^
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P
Conclusion : j'aurais du le feuilleter un peu plus attentivement avant de l'acheter ! (et tu sous-estimes ton âme de poète !)
J
Il me tentait depuis sa sortie. C'est beaucoup moins le cas maintenant :)
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P
Honnètement, je ne crois pas que ce genre d 'histoire te plairait bveaucoup !
E
C'est vrai qu'on devient difficile quand on a déjà lu des romans sur le même thème - pour le style (le choix de ne pas utiliser de majuscules, les fautes de français pour souligner le niveau de la jeune fille) je me demande si c'est fidèle à la version originale ou un choix de traduction ? je serais curieuse de le lire en anglais !
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P
Je me suis posée les mêmes questions. Pour les majuscules, j'ai tendance à penser que c'est un choix de l'auteur. Par contre, le reste tient peut-être à certains choix de traductions : les négations sont toujours correctes, ce qui colle mal (je trouve) avec le "j'ai sorti", mais tu as raison, il faudrait voir la VO pour juger.
L
ce livre est dans mes listes depuis le billet de Dominique , mais je ne vais pas me précipiter, je suis d'accord avec ta conclusion et je crains d'avoir le même ressenti que toi.
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P
C'est une histoire assez banale au fond, il m'aurait fallu un petit plus...