L'ivresse de la marche - Emeric Fisset
Il y avait longtemps que je souhaitais découvrir la collection "Petite philosophie du voyage" des éditions Transboréal, qui se propose d'évoquer toutes les facettes du voyage. Et j'ai commencé par un thème qui m'est cher : la marche à pied. Mais il n'est pas ici question de balade, de promenade, ni même de randonnée ou de trekking, mais du voyage à pied, celui qui entraîne le marcheur à travers des pays, voire des continents, pendant des mois et sur des milliers de kilomètres. Et Emeric Fisset semble savoir de quoi il parle puisqu'il a lui-même, pendant quinze ans, traversé le globe en tous sens et à pied.
Pourtant, et c'est peut-être parce que j'ai déjà pas mal lu sur ce thème, je n'ai rien trouvé de vraiment original dans ce texte. Le plus grand contact avec la nature, certes ; l'occasion de rencontres imprévues, bien sûr ; les joies de la géographie, mais comment donc ! ; le plaisir de n'avancer qu'à la force de ses mollets, évidemment ; la dépendance totale aux aléas du climat, cela va de soi ; l'incertitude du vivre et du coucher, une banalité. Bref, rien de nouveau.
Ce n'est que vers la fin que cela devient brièvement intéressant, quand l'auteur se moque de ces marcheurs amateurs (dont je suis) et autres pèlerins de St-Jacques, qui calculent soigneusement leurs étapes quotidiennes et n'oublient pas de réserver une confortable auberge à l'étape, alors que ce qui fait justement tout l'intérêt du voyage à pieds c'est de ne jamais savoir où l'on va dormir. On ne célébrera jamais assez le bonheur du bivouac solitaire sous la pluie, dans les bois, le ventre vide et la trouille du loup chevillée au corps ! Emeric Fisset s'en prend aussi à certains aventuriers modernes (qu'il ne cite pas, mais suivez mon regard) qui se créent une notoriété de pacotille en suivant des sentiers ouverts par d'autres, de vrais aventuriers, eux.
Il me semble que l'auteur oublie ce que j'aime, moi, dans la marche : un certain dépouillement, un dépassement de soi, une joie simple et pure. Bref, si j'ai bien aimé le format de la collection, petit et léger, qui se prête à merveille au voyage, ce petit opuscule ne m'a pas totalement convaincue. Il est peut-être à conseiller à un lecteur plus béotien que je ne l'étais.
Transboréal, 2012. - 90 p.