Journal d'un apprenti moine zen - Giei Satô
Depuis que je pratique la méditation, je m'intéresse à tout ce qui tourne autour du bouddhisme zen, une forme de bouddhisme qui s'est particulièrement épanouie au Japon, et qui accorde une importance primordiale à la pratique de la méditation assise (zazen).
Bien plus qu'un journal, ce petit bouquin est un véritable manuel pratique à l'usage des futurs moines. Il a été écrit en 1967 par un moine zen, résidant du monastère de Tôfuku-ji. On y découvre tout ce qui fait le quotidien des moines zen. Ecrit en chapitres très courts, illustrés de dessins naïfs et drôles, il est en plus très facile à lire.
La première partie est consacrée à l'entrée au monastère. Le futur moine devra faire preuve de patience et de persévérance, car on va le laisser attendre trois jours sur le perron, pour tester sa volonté et sa motivation. Une fois accepté, le novice se verra attribuer un petit coin dans la salle de méditation, qui est aussi le dortoir des moines, et les quelques attributs de sa nouvelle fonction : une tunique, une écuelle, un futon.
"Les biens d'un moine sont réduits en principe au strict minimum, de manière à l'affranchir de tout désir de posséder, ce despote absolu du coeur de l'homme, et à préserver intacte la liberté de pérégrination, celle "des nuages qui passent et de l'eau qui coule."
Commence alors la difficile voie du zen. Désormais le novice va avoir un emploi de temps minuté de l'aube au crépuscule, fait de rituels et de tâches diverses. Bien sûr, on lui enseigne la pratique de la méditation, on l'initie au textes fondateurs et on met à l'épreuve sa capacité à "s'éveiller à sa propre nature", mais on lui apprend aussi le rituel du thé, la récitation des sutras et l'art du silence. Plus surprenant, on découvre que le bouddhisme zen accorde une grande importance aux tâches manuelles : jardinage, nettoyage et raccomodage. Ainsi, le balayage est considéré comme une véritable pratique méditative. Une grande importance est également accordée à la pratique de la mendicité : les moines doivent mendier leur riz, exercice d'humilité pour eux et de générosité pour les fidèles.
Tout cela m'a passionnée, même si la dernière partie qui est consacrée aux différentes fêtes bouddhistes qui rythment l'année ne m'a pas vraiment intéressée, tant je trouve que ce petit bouquin contient la quintessence de l'esprit zen. Et je trouve très intéressant de constater que, quelque soit la religion, les monastères fonctionnent tous sur les mêmes règles strictes et prônent les mêmes valeurs de base : obéissance, pauvreté, humilité.
Traduit du japonais par Roger Mennesson.
Picquier Poche, 2012. - 231 p.