Avant la chute - Fabrice Humbert
Rentrée littéraire 2012
Toute l'oeuvre de Fabrice Humbert est traversée par la problématique de la violence, et son dernier roman ne fait pas exception. L'auteur y analyse les causes de la violence dans une société mondialisée, à travers trois histoires qui se tissent alternativement.
Filles de paysan, Norma et Sonia sont obligées de quitter la Colombie après la saisie de leur plantation de coca par les militaires, et le meurtre de leur père par les paramilitaires. Elles espèrent gagner les Etats-Unis et y trouver une vie plus sereine. mais la route est longue et les dangers nombreux : la police qui refoule les migrants, les bandes organisées qui les dépouillent, les violent ou les enlèvent, les passeurs qui les trahissent...
Au Mexique, le sénatuer Urribal est un politicien cruel est corrompu qui a bâti sa fortune grâce à un accord conclu avec les trafiquants de drogue. Il n'en participe pas moins à la commission anti-drogues qui cherche des solutions à ce commerce qui grangrène le pays.
Dans une cité de la banlieue parisienne, Naadir est un petit garçon surdoué qui ne s'intéresse qu'à l'école, ce qui n'est pas le cas de ses grands frères qui préfèrent se livrer à des trafics illicites. Naadir cherche refuge dans ses livres, mais, même là, il pressent qu'une catastrophe se profile.
A travers ces trois histoires, Fabrice Humbert retrace en filigrane le circuit de la drogue, depuis sa production en Colombie jusqu'à sa vente dans les quartiers des grandes villes d'Europe. Mais le véritable objet de ce livre, c'est de montrer que la mondialisation a réduit le pouvoir des politiques, et même des financiers. Le véritable pouvoir est aux mains des cartels, ces organisations aussi tentaculaires qu'opaques, plus dangereuses que les mafia dont elles n'ont ni la structure, ni la hiérarchie, et qui n'ont qu'un moyen et un but : l'argent, toujours plus d'argent, tellement d'argent que la vie humaine ne vaut plus rien.
C'est toujours un plaisir de retrouver la plume fluide et le grand sens de la narration de Fabrice Humber. Pourtant, je n'ai pas aimé ce livre. Ces trois histoires auraient pu faire d'honorables nouvelles, mais entrelacées comme elles le sont dans un roman, elles semblent ne mener nulle part, de ne donner que trois photographies de la violence de notre époque. La fin arrive très brutalement, deux de ces histoires se rejoignent de façon totalement artificilelle et inutilement violente. Il me restera de ce livre deux jolis portraits : ceux de Norma, la jeune fille prête à tout pour survivre, et de Naadir, le petit garçon qui aimait passionnément les livres.
Le Passage, 2012. - 277 p.