Une affaire personnelle - Kenzaburô Oé

Publié le par Papillon

C’est une lectrice fidèle, mais discrète, de ce blog qui m’a conseillée d’ajouter Kenzaburô Oé à ma liste des auteurs japonais à découvrir. Je ne connaissais rien à cet auteur, j’ai donc choisi un titre au hasard, sans me douter que Une affaire personnelle est considéré comme le roman pivot de l’œuvre de Kenzaburô Oé. On ne trouve pas chez cet auteur cette atmosphère si particulière, propre aux romans japonais, ce qui s’explique peut-être par l’influence de la culture occidentale dont il est un grand connaisseur. En plus, le texte que j’ai lu est en fait la traduction française de la traduction anglaise du texte original japonais : deux traducteurs entre l’auteur et moi, ça fait sans doute beaucoup… Quoi qu’il en soit, ce n’est pas dans ce roman qu’il faut chercher l’exotisme et l’esthétique de la culture japonaise.

Pendant que sa femme est en train d’accoucher, Bird erre dans les rues de Tokyo. Malgré ses vingt-sept ans, il se sent vieux et craint que son grand rêve de partir en Afrique ne s’éloigne définitivement, maintenant qu’il va être père. C’est alors qu’un coup de téléphone lui apprend que sa femme vient de donner naissance à une enfant anormal. Bouleversé, Bird est incapable de faire face à la situation. Pendant trois jours, il va tenter de fuir en cherchant un moyen de faire mourir l’enfant.

Cette histoire peut paraître noire, désespérée, voire glauque par moments, mais il faut avoir le courage d’aller au bout de ce roman pour assister à la métamorphose de Bird, qui renonce à se comporter en adolescent attardé pour devenir un adulte responsable. Et c’est un grand message d’espoir que délivre cette histoire, puisque grâce à cet enfant différent, Bird va donner un nouvel élan à sa vie. Et c’est très bouleversant de savoir que cette histoire est celle que l’auteur a lui-même vécue, et que toute son œuvre est dédiée à ce fils anormal.
 

Kenzaburô Oé a obtenu le Prix Nobel de Littérature en 1994.

Traduit de l’anglais par Claude Elsen.
Stock, 1994. – 179 p.

L’interview de Kenzaburô Oé pour Lire.

Publié dans Littérature asiatique

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A
Même les plus discret(e)s savent sortir du bois pour dire leur admiration pour ton courage tu vois. Murakami. Aïe. Il va falloir que tu fasses une cure de Chick lit pour alléger tout ça ;). Euh... non, finalement ne le fais surtout pas.<br /> A bientôt. Bises
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A
Salut, Mademoiselle la lectrice papillonesque,<br /> J'aurais dû te dire par lequel commencer pour découvrir son univers. 'Comment survivre à notre folie' (Je sais, titre glauque). C'est dur Oé très très dur mais d'une force...<br /> A bientôt. Ton blog est un vrai bonheur. Je n'ai pas pu me connecter pendant un mois et je rattrappe le temps perdu (j'y suis depuis une heure). Bises
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P
Tout est relatif,en fait ! Je viens de lire Murakami (Ryu) et je trouve que Oé n'est pas si dur que ça finalement !En tout cas, merci de ton passage ici !
M
Fabuleux et dégoûtant ce roman de Oe. C'est le livre le plus stupéfiant que j'ai lu - en une nuit - j'ai pas pu le lâcher. Ereintant.<br /> Pour ceux qui aiment cet auteur : lire d'urgence l'énorme Jeu du siècle (en poche Gallimard) - je ne savais pas qu'il existait en français, alors je l'ai lu en anglais (The Silent Cry - titre beau mais qui N'a RIEN à voir avec le titre japonais). Pour plus d'info sur ce bouquin : lire le discours de prix Nobel de l'auteur, sur le site des Nobels.
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V
Je viens de découvrir ton blog en faisant des recherches sur L'odeur, de Radhika Jha, pour lequel je pense la même chose que toi. Mais passons, ce livre m'aura au moins menée jusqu'à ton blog, et j'en suis ravie :-). Car je découvre que tu explores la littérature japonaise, j'ai donc fouillé dans tes articles et me voilà sur celui concernant Une affaire personnelle, de Kenzaburo Oé, auteur que j'apprécie beaucoup.De tout ce que j'ai lu de lui, je crois que mon préféré est Une existence tranquille, et je te le conseille si tu veux aller plus loin dans la lecture de Oé.J'ai aussi cherché dans tes pages si tu avais lu Yûko Tsushima, je n'ai pas l'impression que tu en aies parlé. Si tu ne connais pas, c'est une femme écrivain, qui conjugue la vie aux rêves. J'ai aimé Vous, rêves nombreux, toi, la lumière. Enfin, il est intéressant de lire l'ouvrage dirigé par Philippe Forest, Pour un autre roman japonais, qui m'a beaucoup appris, ainsi que l'excellent volume qui réunit les études qu'il a consacrées à la littérature japonaise, La beauté du contresens.
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P
Merci vy pour ton passage ici et pour toutes ces suggestions ! Effectivement, Yuko Tsushima n'est pas encore dans ma liste japonaise, mais je commence à découvrir qu'il y a beaucoup, beaucoup d'auteurs japonais !
H
J'avais beaucoup aimé ce livre. Je le trouvais dur mais d'une grande beauté et notamment quand on met lien le roman et l'histoire d'Oé qui se confondent...
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P
@Gachucha et Katell : je vous préviens que c'est vraiment sombre !@ Sylire et Jos : vous êtes gentils mais je suis encore loin d'être une spécialiste : je découvre ! Et, justement, il a plein de bons auteurs japonais à découvrir :-)))@Tamara : Les bébés de la consigne automatique est dans ma PAL japonaise, je ne vais pas tarder à m'y mettre  ;-)@Hervé : tout à fait d'accord !
K
Je suis partante pour découvrir cet auteur. Merci pour ces multiples pistes de lectures.
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J
Philippe Forest avait fait un admirable portrait de cet écrivain dans sa biographie éponyme. C'est vrai qu'Une affaire personnelle  peut paraître un tantinet désespérée, mais quel texte profond, sensible... Et je partage l'avis de Sylire : spécialiste préférée de la littérature japonaise ;))
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T
comme tu l'expliques bien, cela semble intéressant mais pas facile, comme histoire... Cela me fait un tout petit peu penser aux Bébés de la consigne automatique de Ryu Murakami...
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S
je pense que tu es maintenant la spécialiste incontestable de la littérature japonaise sur les blogs.
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G
J'avais noté ce titre de Kenzaburô Oé il y a quelques années, mais j'étais moins organisée dans mes listes...merci de me le rappeler.
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