Venise et l'Orient

Publié le par Papillon

Voilà une bien belle exposition qui illustre parfaitement le roman que je suis en train de lire, puisqu'elle se propose de montrer les influences qu'eurent l'une sur l'autre la culture vénitienne et la culture islamique, à travers leurs productions artistiques.

 

Venise, la plus orientale des villes occidentales, a bâti sa fortune et son influence politique sur le commerce. Dès le IXe siècle, le Sérénissime entrepris d'établir des relations commerciales avec toutes les villes bordant la Méditerranée, de Tunis à Constantinople, en passant par Le Caire, Damas et Alep. C'est en 828 que deux marchands vénitiens volèrent à Alexandrie les reliques de Saint-Marc, qui devint ainsi le saint patron de la république vénitienne. C'est pour abriter ces reliques que fut bâtie la basilique Saint-Marc, elle-même d'inspiration orientale puisque les coupoles qui la surmontent imitent les tombeaux égyptiens.

 

Au fil des siècles, les marchands vénitiens rapportèrent ainsi de nombreux objets d'art pour les vendre en Europe. Et les motifs propres à l'art islamique eurent très vite beaucoup de succès auprès des artisans vénitiens qui les copièrent, les modifiant, les transformant et les adaptant à leur propre culture, à tel point qu'il est parfois aujourd'hui difficile de distinguer l'original de la copie. L'exposition présente ainsi environ 250 objets représentant tous les arts décoratifs : tissus et tapis, verrerie et céramique, orfèvrerie et ébénisterie, imprimerie et reliure. A partir du XVIe siècle, Venise put ainsi exporter des objets d'inspiration islamique vers toutes les capitales d'Orient.

 

Mais la fascination pour la culture orientale concerne aussi le domaine pictural puisque les peintres vénitiens s'attachèrent à peindre des scènes de la vie orientale et les riches costumes des ottomans et des mamelouks. A la fin du XVe siècle, Gentile Bellini fit même un séjour à Constantinople (Istambul) où il eut l'occasion de réaliser le portrait du sultan Mehmet II. C'est ainsi que les musulmans découvrirent un art qui leur était jusque là inconnu : l'art du portrait (ce qui est très exactement le sujet du roman Mon nom est Rouge d'Orhan Pamuk). J'ai ainsi pu voir dans cette exposition les portraits des sultans que je viens de croiser dans mes lectures : Selim le cruel, Soliman le magnifique,...

 

Une très belle exposition qui me laisse cependant un peu frustrée : j'aurais aimé voir davantage de ces manuscrits persans aux riches enluminures dont il est tellement question dans le roman de Pamuk.

 

Ma conclusion : le mélange des cultures conduit à leur enrichissement réciproque.

 

Institut du Monde Arabe,

Jusqu'au 18 février 2007.

Publié dans Expos

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M
Oh je suis tre d'accord surtout avec la conclusion:  le mélange des cultures conduit à leur enrichissement réciproque. C'est vrai!
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P
Salut Marcello. Encore un italien sur mon blog ! super ! "enrichissement réciproque" : à condition d'accueillir ce qui est différent avec bienveillance !