Le sang de Venise - Maud Tabachnik

Publié le par Papillon

Venise, 1575. Quelques jours avant Pâques, le corps mutilé d’un enfant est découvert à deux pas du ghetto juif. Aussitôt la rumeur enfle, relayée par un franciscain fanatique : cet enfant est la victime d’un crime rituel commis par les juifs qui ont besoin de sang pur pour confectionner leurs galettes de Pâques. Ce meurtre étrange place la Sérénissime République dans une position délicate : si un juif est reconnu coupable, c’est toute la communauté juive qui devra être exclue de la ville. Or Venise a terriblement besoin de l’argent des banquiers juifs pour mener ses affaires. Exiler les juifs reviendrait à contenter Rome et le Pape, mais à déplaire aux turcs avec lesquels la république entretient de florissantes affaires commerciales. Quand un deuxième cadavre d’enfant est retrouvé, le peuple de Venise menace d’envahir le ghetto…

Il y a très longtemps que j’avais envie de lire Maud Tabachnik, figure montante de la littérature policière féminine et quelle déception ! Ce roman est d’une platitude totale ! Le style est plat ; l’énigme policière est réduite au minimum et cousue de fil blanc. Dès la page 76, j’avais découvert le coupable. L’énigme se dénoue quasiment toute seule et se termine en grand guignol. Les personnages ont très peu d’épaisseur psychologique et se réduisent à des caricatures : la jeune juive révoltée, le père noble, le médecin corrompu, le grande dame libertine, le moine fanatique. Le tout donne une histoire très manichéenne avec de gentils juifs innocents et de méchants chrétiens…

En fait, il faut lire cette histoire davantage comme un roman historique que comme un roman policier, car l’auteur a le mérite de parfaitement faire revivre la Venise du XVIème siècle avec ses palais fastueux, ses fêtes somptueuses, ses artistes talentueux, ses canaux, ses ruelles et ses ponts. Et son ghetto. Car les vénitiens, s’ils furent les seuls en Europe à ne pas chasser les juifs, trouvèrent cependant raisonnable de les enfermer dans ce qui fut le premier ghetto de l’histoire. C’est donc une période peu glorieuse que nous raconte Maud Tabachnik dans ce roman, où régnait à travers toute l’Europe un violent antisémitisme et où les juifs étaient souvent utilisés comme boucs émissaires responsables de toutes les catastrophes. Manière de nous rappeler que notre vingtième siècle n’a hélas rien inventé ?

J’ai Lu - 2003 - 283 p.

Publié dans Polars & Co

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S
Dans cet esprit policier historique, se passant également à Venise, j'avais beaucoup aimé Venise.net de THIERRY MAUGENEST
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C
J'avais lu "Eté pourri" du même auteur. j'avais beaucoup apprécié le style. Cet ouvrage liant l'histoire et intrigue policière me tente bien!
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