Philippe Claudel - Les âmes grises
Un très beau roman. Le style de Philippe Claudel est simple, des phrases courtes, des mots faciles, pas de subordonnées à rallonges ou d’accumulation d’adverbes. Mais ses phrases se dégustent à petites gorgées, comme un bon thé. C’est un style plein de charme et de poésie. Il sait parfaitement créer une atmosphère et donner vie à un personnage, parce que son style est très imagé. Et quelle belle histoire, poignante, que l’auteur nous dévoile morceau par morceau, par la voix d’un narrateur, qui lui-même se cache longtemps dans un « je » anonyme.
Nous sommes en 1917, quelque part dans l’est de la France, dans une petite ville banale où la vie suit son cours quasi normalement malgré la guerre qui fait rage à quelques kilomètres de là. Cette guerre, on l’entend mais on ne la voit pas, sauf quand les ambulances militaires viennent décharger leur cargaison de blessés dans la clinique locale. Un matin glacial de novembre le corps d’une petite fille est repêché du canal. Elle a été étranglée. Qui a commis le crime ? C’est ce que va s’efforcer de découvrir le narrateur.
C’est un roman plein de mélancolie, qui parle de l’amour, de la mort, de la solitude et de la complexité de l’âme humaine.
Le Livre de poche – 2003 – 280 p.