Stefan Zweig - La confusion des sentiments
La première idée qui vient à l’esprit quand on referme ce court roman est : pourquoi personne n’est-il plus capable d’écrire comme ça de nos jours ? Avec cette richesse de vocabulaire, d’images, de tonalités, avec ce style à la fois classique et flamboyant qui roule comme un tambour ou murmure comme un ruisseau. Et qui est capable d’exprimer toute la richesse des sentiments humains : de l’ennui à l’enthousiasme, et du doute à la honte. Stefan Zweig n’est pas écrivain, il est musicien. Et son air préféré, c’est celui de la passion : passion amoureuse, passion du jeu ou, comme ici, passion intellectuelle.
Un jeune étudiant, que les études universitaires rebutent et qui préfère courir les filles, rencontre un jour un vieux professeur charismatique, qui lui donne le goût des études. Le jeune homme va alors se trouver confronté à toute une gamme d’émotions diverses et parfois contradictoires : admiration, amitié, mimétisme, frustration. Ce que Stefan Zweig met en évidence dans cette histoire c’est toute l’ambiguïté de la relation. Qu’est-ce qui se cache derrière cette amitié intellectuelle, derrière cet intérêt de ce vieux professeur pour son jeune élève , jusqu’où peut conduire une passion commune pour un travail intellectuel, qu’y a-t-il chez ce vieil homme et son étrange épouse que le jeune homme ne voit pas ?
Le thème est passionnant et donne une histoire tout simplement magnifique, autant dans la forme que dans le fond.
Traduit de l’allemand par Alzir Hella et Olivier Bournac.
Stock, 2001. – 168 p.