Amélie Nothomb - Biographie de la faim

« La faim, c’est moi » : dans ce livre, Amélie Nothomb nous livre son autobiographie, principalement son enfance et son adolescence. Elle nous raconte ses jeunes années à travers le prisme de la faim. Mais il ne s’agit pas seulement de la faim de nourriture, mais de la faim de boisson, d’amour, de livres, d’écriture, et d’une folle curiosité pour la vie.
Fille de diplomate, Amélie est ballottée de pays en pays. Quasiment née au Japon, qui reste à jamais pour elle une sorte de paradis perdu, elle connaîtra successivement les chocs culturels de la Chine communiste, de l’Amérique capitaliste, du Bengladesh tiers-mondiste.
Amélie Nothomb est un personnage ambigu : elle a une haute opinion d’elle-même et se décrit comme une surdouée dont toutes les camarades de classe étaient amoureuses, tout en ajoutant : « On m’aimait parce que j’étais la première de la classe alors que j’aurais tant voulu être aimée pour moi. » Etre aimée pour elle, alors qu ‘elle ne cesse de se cacher derrière un personnage. Où est la vérité, la vraie Amélie ? Elle se décrit comme alcoolique à huit ans, anorexique à quinze ans, adulée par ses camarades de classe à dix ans, victime d’un viol collectif à douze ans. Tout cela raconté sans aucune émotion. Sa vie a-t-elle été une si grande souffrance qu’elle se soit forgé une carapace de cynisme distingué ? Il semble qu’elle ait choisi d’adopter la formule chère aux enfants : « Même pas mal ! » En tout cas, elle raconte que la littérature l’a sauvée, par la lecture d’abord, puis par l’écriture.
Quant à son style, il tient davantage de la formule publicitaire que du style littéraire (« Avoir cinq ans se révéla désastreux. », « Rien n’est plus facile à limer qu’un cadenas communiste. »), et pourtant ce livre m’a touchée. Sans doute parce que le thème de la faim et du manque me concernent personnellement. Donc, je me suis reconnue dans son analyse du manque, même si tout cela reste un peu superficiel pour une grande lectrice de Freud comme moi. Mais justement, Amélie Nothomb est à cent lieues de la psychanalyse. Elle se met en scène comme un personnage de roman et ce livre lève un peu du mystère qui l’entoure.