Lao She - Le pousse-pousse
Lao She est un écrivain chinois que j'aime beaucoup, pour son style limpide et élégant et pour ses histoires pleines de profondeur.
Siang-Tse a quitté sa campagne pour s’installer à Pékin. Il veut devenir tireur de pousse-pousse. C’est un jeune homme sérieux, travailleur et économe. En quelques années, il parvient à économiser suffisamment pour acquérir son premier pousse-pousse. Quel bonheur ! Quel sentiment de liberté ! Désormais, Siang-Tse n’est plus tributaire d’un patron ou d’un loueur. Il est sûr de faire rapidement fortune. Pourtant le sort va s’acharner contre lui. Au lieu d’assister à la réussite de Siang-tse, c’est sa déchéance que Lao She nous fait vivre.
C’est le Pékin des années trente que dépeint Lao She dans ce roman, dans cette période intermédiaire où la Chine, ayant réussi a mettre un terme à l’empire, n’avait pas encore succombé au communisme. C’est surtout le Pékin des petites gens : tireurs de pousse-pousse, ouvriers, prostituées, s’acharnant au labeur pour gagner les quelques fens nécessaires au bol de riz quotidien. Il y a peu d’espoir dans ce monde-là, peu de joies et beaucoup de misères. A quoi bon rêver à l’amour et à la richesse ? Qu’est-ce qui a manqué à Siang-Tse pour réussir ? Le courage ? La chance ? Un roman très pessimiste qui semble dire qu’un pauvre sera toujours un pauvre.
Trad. du chinois par Anne Cheng et François Cheng.
Picquier Poche – 1995 – 221 p.