Louise Erdrich - La chorale des maîtres bouchers

Publié le par Papillon


A la fin de la guerre de 14-18, un jeune allemand, Fidelis Waldvogel, quitte son pays pour tenter sa chance en Amérique. Il débarque à New York avec une valise pleine de couteaux et de saucisses. Car Fidelis est boucher. La vente de ses saucisses lui permet d’acheter un billet de train pour aller dans l’Ouest. C’est ainsi qu’un beau matin il arrive à Argus dans le Dakota du Nord. Grâce à son métier, il va bientôt gagner assez d’argent pour faire venir d’Allemagne sa femme et son fils. Puis il ouvrira sa propre boucherie et créera une chorale, avec tous les hommes du village. Arrivent alors au village un drôle de couple : Delphine et Cyprian.

J’ai rarement lu un auteur capable de décrire avec autant de précision et de délicatesse la vie tout simplement, ce qu’Hésiode avait appelé « Les travaux et les jours ». Ce roman c’est presque la vie ordinaire dans un petit village de l’ouest américain. On y trouve juste des gens qui travaillent et ont choisileur vie , qui ont le goût de leur métier et des choses bien faites. Des femmes bavardent dans le jardin en épluchant les haricots, un chien devient voleur de viande, une épouse astique tous les matins avec fierté les vitrines de sa boutique, un petit garçon cache sous son oreiller un souvenir se son amoureuse disparue, une jolie jeune femme s’occupe de la morgue, le shérif est amoureux, une vieille femme vend des chiffons, et bien sur il y a des chants… Et il y a des drames aussi : une femme agonise d’un cancer sous les yeux de sa famille, une tante jalouse cache de la morphine, une cave recèle une macabre découverte, une galerie s’effondre… Et puis c’est compliqué, parce que la famille est d’origine allemande alors quand éclate la seconde guerre mondiale, certains des fils combattent avec les allemands, contre les américains et reviennent dans leur pays d’adoption en tant que prisonniers…


Louise Erdrich s’est inspiré de son histoire personnelle pour bâtir son roman : un grand-père allemand, boucher et chef de chœur qui a émigré en Amérique. Mais sur cette base elle a écrit une vraie histoire d’immigrants dans l’Ouest. N’y cherchez pas les indiens et les cow-boys, ils n’y sont pas. Mais comme Louise Erdrich a une imagination débordante, à la place elle vous offre un tas d’anecdotes burlesques ou tragiques. Ainsi qu’une belle galerie de personnages : Eva, la femme du boucher, Roy l’ivrogne du village, Camille l’embaumeuse, Un-Pas-Et-Demi, une étrange vagabonde, et bien sûr Delphine, figure centrale du roman, avec ses désirs, ses joies et son dévouement.


Un très beau roman, plein de vie, d’émotions et de sentiments.



Trad. de l'américain par Isabelle Reinharez
Albin Michel, 2005. - 468 p.
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L
<br /> Je viens de le lire et ai vraiment aimé cette grande saga, une jolie découverte !<br /> <br /> <br />
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D
<br /> Un roman que j'ai énormément apprécié moi aussi.<br /> <br /> <br />
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P
<br /> Une belle histoire d'immigrants et quelle imagination, elle a, Louise Erdrich !<br /> <br /> <br />
A
et bien pas du tout le même ressenti. Je me suis forcée à le finir.J'ai trouvé qu'il trainait en longueur. Des personnages sans réelles consistances sauf un peu Delphine. J'ai été déçue!<br />  
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P
Je reconnais que la fin n'est pas aussi bonne que le début, mais j'ai quand même bien aimé la vie dans ce village de l'ouest, au milieu de nulle part...
H
Bonne critique de ce livre qui m'avait beaucoup ému, dont l'intensité est très grande
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A
Une belle critique! Tu parles de ce livre de belle façon: ça donne envie! :)
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