Un as dans la manche - Annie Proulx
Ce gros roman est donc le seul livre que j’ai lu pendant mes vacances
américaines. J’avais choisi Annie Proulx parce qu’elle passe pour un écrivain emblématique de la littérature de l’ouest américain. Elle est notamment l’auteur de Brokeback Mountain.
Si Bob Dollar a grandi avec son oncle Tam, brocanteur marginal et farfelu, c’est parce que ses parents ont eu un jour le rêve de faire fortune en Alaska. De ce voyage vers le grand nord ils ne revinrent jamais, laissant leur fils avec plein de questions sans réponses. Malgré l’amour de son oncle, Bob grandit avec le sentiment de son peu d’importance. Après une enfance solitaire et des études palôtes, il est engagé par la Mondiale de la couenne pour prospecter au Texas des terrains susceptibles d’accueillir des « fermes à cochons ». Une telle mission se doit d’être menée dans l’anonymat et la discrétion, personne ne souhaitant voir apparaître à sa porte un élevage malodorant de porcins. Voilà comment Bob Dollar atterrit dans la petite ville de Woolybucket, fort peu hospitalière, et trouve une chambre sur le ranch de LaVon Grace Fronk, veuve de rancher qui consacre toute son énergie à la rédaction de l’histoire du lieu. LaVon va donc se révéler une mine d’or pour aider Bob à faire connaissance avec les habitants du coin et leur histoire.
Si Bob Dollar nous touche par son innocente naïveté (si typiquement américaine…), il est emblématique d’une certaine Amérique qui a abandonné ses enfants pour courir vers des conquêtes illusoires. A travers sa quête de terrains à vendre, l’auteur nous conte à la fois le passé, le présent et le futur du Texas, et par extension du grand Ouest américain, faisant défiler les pionniers dans leurs chariots, les cow-boys et leurs troupeaux de vaches, les éoliennes, le pétrole et jusqu’à la nappe phréatique qui s’épuise. Au passage, elle démolit quelques mythes de son humour corrosif, traçant un grand point d’interrogation sur cette terre qui n’est plus promise et qui peine à s’inventer un futur. Le tout apparaît quand même très diffus. Il manque un souffle, une étincelle, un je-ne-sais-quoi de flamboyant pour transformer cette histoire en épopée. Dommage.
Grasset, 2005. - 595 p.