Mira est la princesse héritière d’un petit royaume du Rajasthan. Nous sommes au XVIème siècle et l’Inde hindoue traditionnelle est peu à peu soumise et envahie par les Moghols musulmans. A l’âge de cinq ans, Mira assiste au sacrifice rituel de sa grand-mère, qui suit au bûcher son époux défunt pour devenir sati, c’est-à-dire déesse. Brûlée vive, mais déesse. Peu après, la petit Mira se prend d’amour pour le dieu Krishna dont elle se croit l’épouse. Pour lui, elle chante, elle danse et elle compose des poèmes. A l’âge dix ans on la marie avec le puissant voisin, prince de Mewar. Mais elle ne sera jamais une véritable épouse, ni une véritable princesse. A la mort de son époux, elle refuse de devenir sati et préfère se faire mendiante sous le nom de Mirabaï et danser pour les plus pauvres, se consacrant tout entière à son dieu Krishna.
Mirabaï a réellement existé, ses poèmes nous sont parvenus, mais de sa vie on sait peu de choses. Catherine Clément adopte donc le ton du conte pour faire revivre cette figure mythique de l’Inde ancienne, en mêlant fiction et réalité. C’est un beau portrait de femme qu’elle nous offre, une femme qui renonce à ses privilèges et se rebelle contre le sort fait au femme, mais c’est aussi le portrait d’une illuminée, comme seule l’Inde semble en produire. Et c’est ce que j’ai le plus aimé dans ce roman : cette capacité de l’auteur à nous plonger dans une réalité indienne mystique, moite et cruelle, qui n’existe quasiment plus.
Editions du Panama, 2007. – 309 p.