Le journal de Yaël Koppman - Marianne Rubinstein

Si Yaël Koppman commence son journal, c’est parce que sa cousine Clara, éditrice, l’a mise au défi d’écrire un roman de chick litt, sous prétexte qu’elle a le profil. Ce qui n’est pas si sûr…Certes Yaël est l’une de ces trentenaires célibataires, brillantes mais esseulées, qui gardent un œil sur leur horloge biologique, tout en surveillent leur plan de carrière de l’autre. Mais elle semble bien moins préoccupée par la recherche d’un mari que par la résolutions de ses conflits familiaux et de sa crise identitaire. En plus, elle exerce une activité bien peu glamour puisqu’elle enseigne l’économie à l’université. Ses deux idoles sont Keynes et Virginia Woolf. Or l’économiste anglais et l’auteur de Mrs Dalloway ont tous les deux fréquenté le groupe de Bloomsbury, groupe de bourgeois bohêmes qui avaient dans les années vingt créé à Londres une communauté à la fois spirituelle, artistique et sexuelle. Mais c’est à la figure d’Angelica Garnett, nièce de Virginia Woolf et filleule de Keynes; que Yaël va s’intéresser parce qu’elle voit dans cette petite fille solitaire un reflet de sa propre enfance.
Ce petit roman est tout à fait réjouissant, parce qu’il parvient à détourner tous les codes du roman de chick litt, tout en abordant des thèmes très sérieux. Dans son journal, la narratrice mêle les évènements de sa vie privée et les notes sur ses recherches. Il y est question d’amants, de régimes, et de soirées entre copines, mais on y apprend aussi un tas de choses sur ce groupe de Bloomsbury, dans lequel l’auteure voit une préfiguration de toutes les communautés qui fleurirent après mai 1968, communautés dont les enfants trente ans plus tard de devinrent des clients pour les psy…
Finalement, Marianne Rubinstein invente un nouveau genre littéraire : la chick litt intello, où les conflits conjugaux se règlent avec des règles d’économie !
Les avis d'Amanda, Lily, Cathulu, Florinette, Lou, Cuné et Clarabel.
Sabine Wespieser, 2007. - 214 p.