L'heure d'été - Olivier Assayas

J'avais très envie de voir ce film parce qi'il évoque une situation à laquelle j'ai dû faire face il y a quelques mois, une situation que chacun de nous doit affronter un jour ou l'autre. Après la disparition de nos parents, se pose forcément la question de l'héritage : que faire de tous ces objets qui sont à la fois des souvenirs et des contraintes ? Hélène tient un discours très lucide à son fils : "Mon histoire n'est pas votre histoire, le passé ne doit pas plomber l'avenir." Mais ce discours, Frédéric n'est pas prêt à l'entendre. Il a toujours pensé que la maison resterait toujours dans la famille, ainsi que les oeuvres d'art qu'elle contient, notamment les deux petits Corot qu'il aime tant. Mais après la mort de sa mère, quand il aborde la question avec ses frère et soeur, il découvre qu'ils ont un point de vue différent. Tous les deux vivent à l'étranger et se sont déjà détachés de leur maison, de leur famille et de leur passé. Tous les deux ont des projets à accomplir et ont besoin d'argent, ils sont d'avis de vendre la maison. Frédéric doit faire face à un second deuil : celui de sa maison et de ce qu'elle contient.
C'est un film d'une grande sensibilité. Toute la conversation autour de la vente de la maison et des objets d'art est d'une grande justesse. Ce n'est pas un film sur la mort ou sur le deuil mais sur la transmission d'une génération à l'autre. Les objets d'art d'Hélène iront au musée. Et quand Frédéric va les voir, il est un peu choqué : "Ils ont l'air d'être en prison". Se pose alors une autre question : les oeuvres d'art sont-elles créées pour orner les musées ou pour partager notre vie ?
J'ai vraiment beaucoup aimé ce film qui m'a aidé à me départir de ma culpabilité d'avoir vendu la maison de mes parents et éparpillé en un jour ce qu'ils avaient mis quarante ans à construire.
Film français (2008) d'Olivier Assayas,
Avec Charles Berling, Juliette Binoche et Jérémie Renier.
Genre : drame ; durée : 1h40.