Comment peut-on être français ? - Chahdortt Djavann
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Par un froid matin d’hiver, Roxane débarque à Paris. Roxane a vingt-cinq ans et fuit un pays qui lui fait horreur : l’Iran. Paris, pour elle, est un vieux rêve, un rêve venu d’un temps où son grand-père faisait l’admiration de sa famille en parlant parissii. Roxane s’installe dans une chambre de bonne, obtient un titre de séjour et trouve un petit boulot. Puis elle se jette à corps perdu dans l’apprentissage du français. C’est une lutte qui l’épuise parce que le français est une langue difficile, qui se dérobe. Et Roxane est très seule. Plus elle tente d’oublier son passé, plus il lui saute à la figure. Roxane découvre alors la littérature française et surtout Montesquieu, auteur des Lettres persanes dont l’héroïne porte le même prénom qu’elle. Elle entreprend alors une correspondance avec celui qu’elle considère comme son père de papier.
« Roxane depuis sa plus tendre enfance n’avait jamais tranché entre l’imaginaire et le réel. Il lui avait toujours semblé que la vie était faite de choses réelles et imaginaires et qu’aucun de ces deux mondes ne pourrait exister sans l’autre. »
Il en est de même pour ses deux vies : on ne peut pas cesser du jour au lendemain d’être ce que l’on a toujours été pour devenir quelqu’un de nouveau. Roxane se cherche une identité. Or dans sa famille sa place n’était pas vraiment définie : trop de frères et de sœurs. Et dans l’Iran totalitaire du régime des mollahs, pas de possibilité d’avoir une vraie vie de femme : « On ne vit que sous le voile de la dissimulation, tout se tait, tout se cache. » Et dans le France où elle vit, elle est toujours une étrangère. Sa correspondance avec Montesquieu devient le lieu où elle se « vide » de son passé. Dans ces lettres, elle découpe au scalpel la vie en Iran, qu’elle oppose constamment à le vie en France, qui paraît bien légère en comparaison… Cette dualité, cette difficulté à réunir ses deux vies conduira Roxane au bord de le folie et de la mort.
C’est un roman très pessimiste sur l’impossibilité de l’intégration et c’est aussi un violent pamphlet contre l’Iran.
L'avis de Cuné et celui de La Nymphette que je remercie pour m'avoir prêté ce roman.
J’ai Lu, 2007. – 285 p.