Nord-Michigan - Jim Harrison
"Il s'arrêta à l'idée que la vie n'était qu'une danse de mort, qu'il avait traversé trop rapidement le printemps et puis l'été et qu'il était déjà à mi-chemin de l'automne de sa vie. Il fallait vraiment qu'il s'en sorte un peu mieux parce que chacun sait à quoi ressemble l'hiver."
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Aujourd'hui, on qualifierait sans doute Joseph d'adulescent, un éternel adolescent qui est passé un peu à côté de la vie, peut-être parce qu'il a eu un accident étant enfant qui lui a laissé une patte folle. Voilà qu'il est sur le point, enfin, de s'installer comme fermier et comme mari, et qu'il réalise, à quarante ans et des poussières, qu'il a finalement assez peu vécu. Sa petite passion pour Catherine est un moyen de rattraper un peu le temps perdu, de mettre du piment dans sa vie, de lui donner l'illusion d'être jeune, de retarder le moment d'entrer dans la vie d'adulte. On devine aussi que c'est une petite vengeance envers Rosalee à qui il n'a jamais tout à fait pardonné de lui avoir préféré son copain quand ils étaient jeunes.
Il y a quelque chose d'à la fois touchant et agaçant chez ce personnage entre deux eaux, deux femmes, deux boulots, qui craint de basculer dans la vieillesse sans avoir vraiment profité de la vie. Mais comme toujours chez Jim Harrison, le personnage principal de cette histoire c'est la nature omniprésente qui envahit tout l'espace autour de Joseph et de sa ferme, et le console d'à peu près tout, la nature où il se réfugie quand il veut mettre le réel à distance pour pêcher la truite ou chasser le coyote. Ce n'est pas mon roman préféré de Jim Harrison, je l'ai trouvé vaguement démodé, mais cela reste plaisant à lire, dans un genre plus introspectif que d'habitude chez l'auteur.
"Il se sentait jeune et stupide. Et puis triste aussi de n'avoir pas su, jusqu'à cet après-midi-là, que la vie pouvait, en de très rares occasions, offrir des choses aussi absolues et aussi merveilleuses que celles qui naissent parfois de notre imagination."
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Sara Oudin.
10-18, 1991. - 224 p.
Lu dans le cadre du Mois américain (Thème : Le désir).
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Et pour le défi 50 états en 50 romans, ce roman illustre le Michigan.
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